Quand l’on sème la violence et l’injustice, on recollecte la violence et la mort

Les Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) ont commencé ce mardi 18 juin 2024, au centre Caritas-Congo, leur comité permanent de la session ordinaire de juin 2024. Tout a débuté par une eucharistie célébrée par Son Exc. Mgr Marcel UTEMBI TAPA, Archevêque de l’archidiocèse de Kisangani, président de la CENCO. Dans son Homélie, s’appuyant sur les textes du jour 1 Rois 21, 17-29 et Mt 5, 43-48, l’officiant du jour nous invite à vivre de la justice de Dieu fondée sur l’Amour. En effet, quand l’on sème la violence et l’injustice, on recollecte la violence et la mort a-t-il insisté.

Eminence

Excellence

Nous venons de suivre les deux lectures que l’Eglise propose à notre méditation de ce jour. Ces deux textes bibliques nous parlent essentiellement de la justice nouvelle fondée sur l’amour, et nous proposent le chemin de l’humanité devant le mal. Le texte de la première lecture est une dénonciation de l’injustice du Roi A cab sur un pauvre homme Naboth qu’il a fait tuer pour mettre la main sur sa vigne. Dieu envoie le prophète Elie auprès d’Acab pour dénoncer cette iniquité : « tu as assassiné…tu as fait ce qui déplait au Seigneur… » (1Roi 21, 19-20). Or quand on sème la violence et l’injustice, on recollecte souvent la violence et la mort. Mais il y a la parole vivante de Dieu, porteuse de sa miséricorde, qui vient au secours de notre humanité.

Le texte de l’évangile se situe dans le cadre du dépassement de la loi du talion « œil pour œil dent pour dent… » (Mt 5, 38), il fait suite au passage dans lequel Jésus invite à présenter l’autre joue lorsque quelqu’un nous frappe. Aujourd’hui, Jésus partant de son expérience personnelle : « et bien moi je vous dis ! » (Mt 5,44), nous invite à aimer. Aimer sans mesure à la manière de Dieu. Dieu est amour, « il fait lever son soleil et sur les méchants et sur les bons et e tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt 5,45). Ce qui est en même temps une invitation à ne pas catégoriser les gens, en faisant des uns des amis et des autres des ennemis. En effet, pour nous, il semble normal et facile d’aimer quelqu’un qui nous aime, de bien traiter ceux qui nous sont proches par la culture ou par le lien biologique et de maintenir à une certaine distance ceux qui appartiennent à autre race ou une autre religion. C’est là que le Seigneur interpelle une fois de plus et nous invite à aller au-delà du cercle familial ou amical : « si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? » (Mt 5, 46). Il s’agit de ne pas aimer de manière « intéressée ». La vraie justice c’est d’aimer sans mesure, à la manière de Dieu.

Le contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui n’est pas étranger à celui de l’époque du roi Acab, tout comme de celui décrit par notre Seigneur dans l’évangile. Nous ne cessons d’assister à des injustices : les plus forts arrachent par force ce qui revient aux pauvres. Nous sommes facilement portés à la discrimination culturelle, régionale ou tribale. Jésus nous invite à recevoir notre position face à ceux que nous considérons comme ennemis. Nous devons lutter pour ressembler au Seigneur au jour le jour « afin d’être vraiment parfaits comme notre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48).

Ceci devrait nous porter davantage à réfléchir sur la manière dont nous agissons envers les autres, quel est notre regard sur celui qui n’est pas de ma province, de ma tribu ? c’est plus interpellant pour nous pasteurs, en considérant particulièrement notre sollicitude pastorale. A qui manifestons-nous notre proximité ? face à ces questions, le Seigneur nous remet en question, en nous dévoilant l’attitude de Dieu qui se comporte en Père qui dispense à tous, sans discrimination, les biens de sa création. Dieu est amour, de son côté il n’y a pas d’ennemi. Jésus lui-même, victime de l’injustices s’est donnée sans distinction pour la multitude : chez lui, il n’y a ni grec ni juif ; c’est pour toute l’humanité qu’il a offert sa vie sur la croix.

Témoins de la miséricorde de Dieu, nous sommes appelés à être témoins de la justice, en aimant même nos ennemis, en priant pour eux, pour leur conversion. Nous ne devons pas désespérer de notre contexte plein de ségrégation, d’injustice et de violences. Il nous faut au contraire nous appuyer sur le Seigneur pour vaincre tous ces fléaux, car la situation de ce monde plein des maux ne peut etre surmontée qu’en opposant un plus grand amour, celui de Dieu, qui dépasse les capacités humaines.

Par l’intercession de la vierge Marie, que le Seigneur nous donne d’appuyer notre mission prophétique sur la justice nouvelle fondée sur l’amour, le pardon. Amen.

                                                                                                                                                        Guy MASIETA, Cecos

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