Butembo-Beni : la peur s’intensifie Avec les massacres de 96 civils en 4 jours

D’après Patient Akilimali, Journaliste catholique et notre correspondant à Butembo, le Diocèse de Butembo-Beni pleure encore ses enfants massacrés entre le 4 et le 7 juin 2024.  Il s’agit d’au moins 96 civils tués à la machette, dans 12 villages des paroisses catholiques Saint Mbaga Tuzinde de Visiki et Saint Mathieu de Cantine-Aloya   en secteur Beni-Mbau,  territoire de Beni.  Certains civils ont été tués dans leurs champs, d’autres dans leurs domiciles, d’autres encore l’ont été alors qu’ils étaient en train d’effectuer des travaux communautaires dits Salongo.  

Selon notre correspondant, un rapport circonstancié rendu public le 11 juin 2024 par la Société civile du sous-noyau du groupement Baswagha-Madiwe  en territoire de Beni donne les chiffres des victimes massacrées par village. La structure citoyenne parle « d’un total de 96 personnes tuées et découvertes depuis le 4 juin jusqu'au 7 juin toujours dans la localité Bapakombe-Pendekali, groupement Baswagha-Madiwe dont 21 corps non encore enterrés qui traînent dans la brousse… ». Cette situation a provoqué un déplacement massif de la population civile dudit groupement sur les routes Mabalako-Beni et Mabalako-Butembo.

« S'agissant des épreuves d'évaluation notamment TENASOSP et EXETAT qui seront bientôt lancées sur toute l'étendue du territoire national, la société civile forces vives du groupement Baswagha-Madiwe, par la voix de son porte-parole  Paluku Kavalami, demande aux autorités d'admettre les élèves déplacés venus de Madiwe dans différents centres de passation proches de leurs milieux de refuge ». Le porte-parole exprime la détermination de la société civile forces vives à accompagner la coalition FARDC et UPDF aux côtés de Wazalendo dans la traque des terroristes ADF. Et il  invite le gouvernement à déployer les forces armées dans cette région pour la protection et la sécurisation des structures sanitaires se trouvant dans les villages abandonnés par la population.

L’ADF élargit sa zone opérationnelle

Ces nouveaux massacres des civils prouvent en suffisance que les ADF ne cessent d’élargir leur zone d’opérations. La Société civile du territoire de Beni craint que les massacres touchent bientôt le territoire de Lubero, vu que certains villages touchés sont à la lisière entre les territoires de Lubero et de Beni au Nord-Kivu. 

Son Premier vice-Président fait entendre que la zone de Cantine n’avait jamais connu l’autorité de l’Etat depuis plusieurs mois. « Nous nous posons la question de savoir ce que sera la prochaine cible. La crainte de la société civile  est que la présence des carrés miniers dans ce groupement Baswagha-Madiwe puisse être un facteur attirant pour ces rebelles qui cherchent aussi les moyens pour survivre et opérer. Cette partie n’a jamais connu de vraie présence de l’autorité de l’Etat. Un moment donné, ce sont des  maï-maï qui étaient dans certains coins, mais pas de police, pas d’ANR », indique Richard KIRIMBA.

Rappelons que Fidèles chrétiens, religieuse et religieux sont toujours  victimes des attaques ADF. Outre l’enlèvement des pères assomptionnistes Edmond Kisughu, Anselme Wasukundi et Jean-Pierre Ndulani le vendredi 19 octobre 2012 en paroisse Notre Dame de Pauvres de Mbau, ainsi que l’enlèvement des abbés Charles Kipasa et  Jean-Pierre Akilimali en paroisse Reine des Anges de Bunyuka le dimanche 16 juillet 2017, une religieuse, la sœur docteur Marie-Sylvie KAVUKE VAKATSURAKI de la Congrégation des Petites Sœurs de la Présentation de Notre Dame au temple, est décédée calcinée dans un centre de santé de référence qui avait été brûlé par les ADF. Lors de cette incursion, les ADF  avaient égorgé  7 civils aussi, et emporté plusieurs personnes en forêt. La paroisse de Maboya avait connu une autre attaque sanglante des ADF la nuit de Vendredi 29 au Samedi 31 octobre 2020. Plus de 20 personnes avaient été tuées.  

Tous ces faits montrent à nouveau l’actualité du rapport que l’Evêque de Butembo-Beni avait élaboré au sujet des massacres répétitifs : « octobre 2019-octobre 2020 :  une année de plus et de calvaire supplémentaire : que faire ensemble ? Je crois et je parlerai ».  

Dans ce document, le Prélat catholique était revenu sur d’autres massacres des civils depuis décembre 2013 en territoire de Beni dont le nombre de victimes dépasse 10 000.

Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech avait demandé « explicitement l’implication du Chef de l’Etat pour une solution définitive à l’insécurité de l’Est en général et du grand nord du Nord-Kivu en particulier. Cela signifie la création d’une cellule à la Présidence de la République qui suivra la situation complexe liée aux tueries de Beni et ses environs dans des actions politiques, militaires, diplomatiques et judiciaires ». c’était lors de son échange avec le chef de l’Etat au palais de la nation le samedi 13 novembre 2021. C’était pour la 3è fois que le Commandant suprême des FARDC et l’Evêque de Butembo-Beni se rencontrent en audience officielle pour parler de la question des massacres à Beni et Ituri. La population de Beni veut la paix et aspire à la paix. Que les autorités du pays mettent tout en œuvre pour sa sécurisation.

                                                                                                                                                    Guy MASIETA, Cecos

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